Portrait of the Artist as an Archeologist

Works on jute versus collages; “sand, acrylic and oil” versus “mixed media”; earth tones versus fluorescent colors; meditative style versus social criticism: canvases signed on the back only, “because I want them,” he says, “to resemble ancient artifacts” versus geometric and aesthetic collages, although composed according to some mysterious and concealed rule, if that were not enough to disconcert many a viewer, in search of a superficial unity in Gregory Weingarten’s art...

His paintings draw us into a world of traffic signs, of enigmas (that of the poetic bird confronted by the egg shell and its paper maché carton)—all trivial, secular icons of our time—, they invite our imagination into strange encounters in a tactile, rugged and joyful symphony of materials. His collages, by their meticulous layout—satiric checkerboards of our consumer society—pull us into a burlesque universe, worthy of H. L. Mencken, where corrosive social commentary, acid and subversive, cuts right to the core.

For, it seems to me, what has taken place in Weingarten’s universe goes beyond his reinterpretation of different cultures (from the Americas, from Africa, from Europe) and beyond the creation of his own art (resisting invading objects and alienating orders). In fact, what other elements strike us at the core of Weingarten’s art? A subject that resists all classification, in order to assert his own imprint, in a very subtle balance between Warhol and Cézanne; an ironic and borderline gaze, in an absence-presence to the city of Paris ; a genuine statement from his Parisian studio—a place as simple and striking as a Demuth or a Sheeler (those first American artists who reinvented the lessons they learned from European Modernists), in other words a place which reminds us of a Precisionist painting, where Beauty remains tamed by a critical consciousness. For it is from his studio, a dead-end street frozen in the nineteen thirties, between the toll of the local church bell tower, the laughter from a school playground, the garbage from the Aligre market, the sounds of a Sardinian beach—that Gregory Weingarten reinvents a world and invites us to join him into the active and overwhelming alchemy of the traces that control us.

Annie Cohen-Solal
Writer & Cultural Historian
2016





Portrait de l’artiste en archéologue



Des jutes et des collages, “sable, acrylique et huile” vs “technique mixte”, couleurs mordoré vs couleurs fluo, approche méditative vs commentaire social, des jutes qui ne portent la signature de l’artiste qu’au dos de la toile “parce que je veux”, dit-il, “qu’elles ressemblent à des vestiges du passé”, des collages composés selon un agencement géométrique et esthétique mais assemblés au nom d’une loi mystérieuse et inédite... : en voilà assez pour déconcerter plus d’un visiteur naïf, a la recherche d’une unité de surface dans l’œuvre de Weingarten.

si, dans les jutes, nous sommes happés par l’appropriation des signes routiers et leur détournement, par les énigmes de l’oiseau épuré dans son face à face avec la coquille d’œuf ou sa boîte de papier mâché —triviales icônes laïques de notre temps— si nous sommes bousculés dans notre imaginaire par les insolites rencontres auxquelles nous convie l’artiste dans une tactile, rugueuse et jouissante frénésie des matières, les collages, quant à eux, par leur graphisme étudié —dérisoires échiquiers de notre société de consommation— nous entraînent dans un univers burlesque digne de H. L. mencken, où le commentaire social corrosif, acidulé et subversif décape tout alentour.

Car ce dont il s’agit, me semble-t-il, dans le monde de Weingarten, au-delà de sa revisitation des cultures (amérique, afrique, europe), au-delà de sa construction d’une oeuvre entre objets envahissants ou ordres aliénants, c’est bien d’un projet de sujet qui se dérobe au conditionnement pour imprimer sa propre marque, dans un équilibre particulièrement délicat entre Warhol et Cézanne, c’est bien d’un regard décalé et ironique, dans une présence-absence à Paris, à partir de son atelier, un endroit beau comme un Demuth ou un sheeler, (ces premiers artistes américains qui renouvelèrent les leçons du modernisme européen), c’est à dire comme un tableau précisionniste, où le Beau reste dompté par la conscience critique. « Je me considère comme un archéologue, un archéologue de la ville et de la vie moderne », concède-t- il lorsqu’on l’interroge. C’est donc dans cet atelier—une impasse des années trente dans un Paris-de-province immuable entre une cloche d’église, des rires de cour d’école, les déchets du marché d’aligre ou les bruits d’une plage de sardaigne— que Weingarten réinvente un monde et nous y embarque, dans son active et bouleversante alchimie des traces qui nous gouvernent.


Annie Cohen-Solal
Ecrivain & Historien de la Culture
2016





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